Voitures électriques : 5 préjugés à balayer !

Rouler à l’électricité est en hausse en Belgique. Les immatriculations ont bondi de 156% en 2020 , soit environ 24 000 véhicules électriques pour 3,5% de parts de marché contre 1,6% en 2019. Malgré cela, la voiture électrique suscite encore beaucoup de questions.
Isabelle V.
02/08/2021 |

En cause sans doute, ces 5 idées reçues, que l’on dément par les faits.

1. Une voiture électrique coûte plus cher

Vrai à l’achat mais… En moyenne, il faut compter entre 20 000€ et 45 000€ pour un véhicule électrique (Nissan LEAF, BMW i3, Renault Zoé, Peugeot e-208, Fiat 500e, e-Golf, Hyundai Kona, Kia e-Niro, etc.). Mais cela peut grimper à plus de 70 000€ (Tesla, Audi e-Tron, Jaguar I-Pace, Mercedes EQC…). Il existe cependant aujourd’hui des offres de leasing électrique avantageuses pour particuliers ou entreprises comme, par exemple, Numobi.

Divers facteurs sont à prendre en compte pour se faire une idée du coût réel d’une voiture électrique :

> Il y a peu d’entretien à prévoir.

> Une voiture électrique a une durée de vie plus longue qu’une voiture thermique.

> En Flandre, les propriétaires d’une voiture électrique ou d’une voiture à hydrogène ne paient pas de taxe de mise en circulation (TMC) ni de taxe de circulation.

> En Wallonie et à Bruxelles, la TMC s’élève à seulement 61,50€ et la taxe de circulation à 82,10€.

> Pour 15 000 km/an (c’est la distance moyenne parcourue par un véhicule électrique en Belgique),  passer à la « pompe » vous coûtera en moyenne :
- 550€/an avec un véhicule électrique qui consomme 18 kWh/100 km (ce qui correspond à la consommation d’une Nissan LEAF) soit 2700 kWh/an. Si, toutefois, vous chargez votre voiture à 100% à domicile et au tarif de nuit. Ce montant peut varier selon le fournisseur d’électricité et le tarif choisi.

- 1058€/an avec un diesel (consommation de 5l/100 km avec un prix du diesel à 1,41€/100 km). Soit, une économie de plus de 500€/an !

> Si vous possédez des panneaux solaires ou si vous pouvez faire la recharge de votre voiture électrique chez votre employeur, le coût sera encore moins élevé.

À noter : les entreprises et les indépendants peuvent déduire l’achat d’un véhicule électrique à 100% (valable aussi pour un scooter électrique, un vélo électrique ou un VTT électrique), ce n’est pas le cas des particuliers. Par contre, les particuliers peuvent profiter d’une réduction d’impôt pour l’installation d’une borne de chargement à domicile (calculée sur un montant maximal de 1 500 euros par point de recharge et par contribuable) de 45% entre le 1er septembre 2021 et le 31 décembre 2022. Cet avantage diminuera ensuite : à 30% en 2023 et à 15% en 2024. Pour les entreprises, la déduction pour une borne s’élève à 200% entre le 1er septembre 2021 et le 31 décembre 2022 et passera à 150% ensuite et jusqu’au 31 août 2024. La déduction du « carburant électrique », elle, s’élève à 75%, comme pour l’essence et le diesel et de nouveau, uniquement pour les sociétés.

Plus d’infos dans notre article « Les raisons du succès de la voiture électrique ».

300 nouveaux modèles de voitures électriques devraient arriver sur le marché d’ici 2022. La technologie ne cesse en outre de s’améliorer. Ce qui fait dire aux observateurs du marché que les prix devraient chuter. Tout bon pour la mobilité électrique !

2. Impossible de parcourir plus de 150 km avec une auto électrique

FAUX. Si l’affirmation était encore vraie voici 2 ou 3 ans, ce n’est plus le cas aujourd’hui. La technologie a évolué et l’autonomie est désormais plus grande. Plusieurs modèles permettent de parcourir 450 km en une seule charge. Voire davantage ! Tesla annonce 663 km pour son modèle S et 580 km pour son modèle X.

« Rouler plus de 450 km avec la Huyndai Kona de 64 kWh est tout à fait possible, affirme Kristof Corthout, expert Mobilité chez ENGIE. Et 310 km avec la Hyundaï Ioniq ou 385 avec la Nissan LEAF. Cette autonomie est largement suffisante lorsqu’on sait que le trajet moyen domicile-lieu de travail des Belges est de 15,7 km et que moins de 10% des voitures électriques roulent quotidiennement plus de 250 km. »

3. Il n’y a pas assez de bornes de chargement

Rouler plus de 300 km avec certaines voitures électriques est aujourd’hui possible

VRAI et FAUX. Le nombre de bornes ne cesse d’augmenter même s’il reste encore trop peu élevé. Selon AVERE Belgium, la division locale de la Fédération européenne pour la mobilité électrique, le cap des 10 000 bornes de chargement publiques en Belgique devrait être dépassé cette année : début 2021, il y avait 8482 points de recharges dans notre pays, soit 4200 bornes publiques (essentiellement en Flandre).

Si l’on tient compte de tous les points de recharge (une borne peut avoir plusieurs points de recharge et beaucoup sont installées dans des parkings publics exploités par des sociétés privées), Bruxelles compte un peu plus de 500 bornes (publiques et privées confondues) et souhaite en installer 7500 de plus. La Flandre, elle, a passé le cap des 4000 points de chargement publics et vise 30 000 bornes de plus à terme. La Wallonie, enfin, recense environ 1000 points de chargement et souhaite en ajouter 6900 d’ici 2025.

Parmi toutes ces bornes en Belgique, une centaine sont des bornes rapides qui permettent de recharger son véhicule à 80% en 30 minutes. On les trouve principalement dans les stations-services autoroutières. « Charger son véhicule est aussi plus aisé qu’avant car de plus en plus d’entreprises, d’hôtels, de restaurants et communes ont installé des bornes », se réjouit Kristof Corthout. Les trouver est également beaucoup plus facile grâce à des applications comme Chargemap, ou les ordinateurs de bord des voitures qui les recensent. Cela dit, plus de 90% des recharges ont lieu à la maison ou au travail.

4. Les voitures électriques ne sont pas neutres en CO2

VRAI mais… De manière indirecte, une voiture électrique émet, c’est vrai, du CO2. Sur tout son cycle de vie, c’est-à-dire sa production, son utilisation et son recyclage, Transport & Environnement, la fédération européenne pour le transport et l’environnement a calculé qu’un véhicule électrique émet 29% de CO2 de moins qu’une voiture essence et 22% de moins qu’un diesel tout au long de son cycle de vie !

De manière directe (en roulant), un véhicule électrique ne rejette cependant aucun polluant. Les voitures essence et diesel ne peuvent pas en dire autant… Les voitures électrique sont donc un pas dans la transition vers la neutralité carbone.

Les voitures électrique sont donc un pas dans la transition vers la neutralité carbone.

5. Si les voitures électriques se multiplient, le réseau ne pourra pas faire face

FAUX. Le parc automobile belge compte actuellement 5,88 millions de véhicules. Parmi eux, quasi 24 000 sont des voitures électriques. Or le réseau électrique belge actuel peut accepter 1 million de voitures  électriques !

Si le pays comptait autant de véhicules électriques, nous ne devrions produire que 4% d’électricité supplémentaire pour faire face, ont calculé les experts. Et selon le Pr Damien Ernst, spécialiste de l’électricité à l’ULiège, si nos 5,88 millions de voitures passaient à l’électrique, 20 teraWatt/h devraient être ajoutés aux 80 tWh de consommation moyenne belge annuelle. Pour faire face, les batteries domestiques et les batteries des voitures pourraient se transformer en fournisseur d’électricité aux heures de fortes demandes. De plus, les voitures ont une « charge flexible ». Comme elles roulent surtout le matin et le soir, on peut les recharger en journée lorsque les énergies renouvelables sont disponibles et donc utiliser de la puissance qui, sinon, pourrait être perdue puisque l’énergie électrique ne peut être stockée à grande échelle.

Des applications de smartcharging, comme Jedlix, permettent également aujourd’hui d’optimiser la recharge de façon intelligente. L’app contrôle la recharge du véhicule et détermine le plan de charge à domicile. De cette façon, la voiture est rechargée quand l‘énergie est la moins chère et lorsque l’électricité est abondante sur le réseau et, de préférence, issue du renouvelable. Avec la recharge intelligente, vous contribuez ainsi à l’équilibrage du réseau en évitant, entre autres, des pics de consommation.